Les Mots chantant

Les Mots chantant

Aujourd'hui, du recueil Inévitable

Aujourd’hui

 

Lundi 14 avril 2008 :

Aujourd’hui, Eliana et moi avons aidé notre mère. Après avoir fini nos devoirs, nous sommes descendues au salon, notre père y lisait toujours son journal, notre mère nous attendait. Nous nous sommes rendues toutes les trois Chez Marco, notre mère y avait rendez-vous pour une nouvelle coiffure. Ensuite nous sommes allées aux halles Étienne Doressesse, notre mère avait besoin de notre avis pour choisir sa tenue. Le soir, un gala de charité était organisé par Monsieur et Madame Delacourte, nos parents y étaient invités. La robe que notre mère a choisie est longue, verte émeraude, accompagné d’un gilet chic.

Mardi 15 avril 2008 :

Aujourd’hui, quand nous sommes revenus de l’école, nous avons entendu mère et père qui se disputaient. Eliana et moi avons été très surprises, de toute notre vie nous n’avions jamais entendu nos parents se disputer. Nous nous sommes rapprochées d’eux et en nous voyant devant la porte de son bureau notre père nous a regardées avec colère. Il tenait dans sa main sa ceinture, il a claqué la porte sans mot dire. Et nous n’avons plus rien entendu. Nous étions complètement désemparées, Eliana m’a dit : « Nous devons faire nos devoirs ». Alors nous sommes montées dans nos chambres et y sommes restées jusqu’à ce que Marguerite, la cuisinière nous fasse appeler pour le dîner. Pendant le dîner père et mère étaient absents. Quand nous sommes allées nous coucher ils sont venus chacun à leur tour nous souhaitaient une bonne nuit.

 

Mercredi 16 avril 2008 :

Aujourd’hui je ne me sens pas en forme, j’ai très mal dormi hier. J’ai entendu à plusieurs reprises un drôle de bruit que je ne saurais décrire, un bruit que je n’avais jamais entendu. J’ai demandé, ce matin après m’être levé, à Eliana si elle l’avait entendu : « Bien sûr, ça m’a même empêché de dormir ».

En rentrant de l’école nous avons trouvé père assis dans le salon en train de lire son journal. Mère n’était pas là. Il nous a dit : « Approchez ! Je dois vous parler. Vous êtes grandes, et je suis sûr que vous allez comprendre. Votre mère et moi avons décidé que… que nous… nous voulons divor… ». Le téléphone a sonné et il a répondu. Nous n’avons pas prêté attention à la conversation téléphonique, Eliana me regardait les larmes aux yeux. Puis il a raccroché et nous a demandées de monter dans nos chambres et de faire nos devoirs. Juste avant de monter Eliana a demandé à notre père : « où se trouve maman ? ». Il l’a regardé et n’a pas répondu, alors elle a redemandé un peu plus fort : « où est ma mère ? »  Et il lui a enfin donné une réponse : «  tu le sauras quand elle sera rentrée, elle te le dira sûrement, et tu n’oublieras pas de préparer une punition pour avoir crié en t’adressant à moi, ton père, est ce que c’est bien compris ? ». Eliana baissa la tête et dit: « oui ».

 

Jeudi 17 avril 2008 :

Aujourd'hui, à l’école, Eliana semblait distraite, peut-être que moi aussi. Pendant la pause, elle est venue me voir et : « je veux te dire quelque chose, mais tu dois me promettre de ne le dire à personne même pas à père ! C’est d’accord ? ». J’acceptais. « Je pense que père a tué maman. » A ces mots mon corps se mit à trembler : « Comment peux-tu penser et dire une chose pareille ? 

-Tu sais que j’ai raison ! Cette nuit je suis allée dans la cave, j’ai vu des traces de sang sur le sol, et j’ai trouvé ça.

Elle me montra alors le collier de notre mère, avec un pendentif en forme de cœur incrusté d’un diamant. A l’intérieur, il y avait une photo de notre mère et d’un homme.

-Tout d’abord je peux savoir pourquoi tu es allée dans la cave ? Et en pleine nuit en plus ?

- Je ne voulais pas que père me surprenne ! Si tu ne me crois pas on ira dans la cave et je te montrerai.

-Oui, je suis d’accord. Pff…

Quand nous sommes rentrées de l’école, nous avons trouvé notre père dans le salon en train de lire son journal. Nous sommes allées lui dire bonjour : « je n’ai aucune nouvelle de votre mère ». A ces mots Eliana me regarda longuement, puis nous montâmes faire nos devoirs. J’ai été en train d’essayer de résoudre un problème d’algèbre quand elle entra dans ma chambre : « c’est le moment !

-Tu sais que père ne veut pas que l’on sorte de nos chambres tant que nos devoirs ne sont pas terminés.

-Il est sorti, il a reçu un appel de Monsieur Vraime.

-Comment le sais-tu ?

- Eh bien ! Euh… je me suis cachée et je l’ai espionné jusqu’à maintenant. Bon allez, viens, dépêche-toi avant qu’il revienne !

-C’est bon, c’est bon j’arrive.

Quand nous sommes arrivées dans la cave, Eliana a allumé la lampe et m’a montré les traces de sang, et l’endroit où elle avait trouvé le collier.

- On n’a aucun moyen de vérifier si oui ou non c’est du sang !

-La couleur est pour moi suffisante, et le collier alors ?

-Peut-être que mère l’a tout simplement perdu en venant ici.

- Non, non, non ! Nous n’avons plus de nouvelles de maman depuis qu’ils se sont disputés, de plus je ne vois pas pourquoi maman se serait rendu dans la cave.

-Nous devons remonter maintenant !

Une fois à l’étage, Eliana m’a dit qu’elle voulait parler à Marguerite, et questionnait Lydia la bonne. J’ai dit qu’elle n’avait qu’à faire comme elle voulait, que je ne la croyais pas, que mère rentrerait bientôt, et qu’elle nous expliquerait où elle était.

Vendredi 18 avril 2008 :

Aujourd’hui, Eliana est restée discrète à l’école, depuis le matin, depuis que nous nous sommes levées, elle n’a pas dit un mot. A la pause je suis allée la voir : « que t’arrive-t-il aujourd’hui ? Tu as questionné Lydia et Marguerite ? Que t’ont-elles dit ? Que mère était tout simplement partie ? Alors réponds-moi !

-Pff… laisse-moi.

-Non !

-Tu ne me croiras pas de toute façon.

-Dis toujours !

-Eh bien… je suis allée voir Marguerite hier après que nous soyons revenues de la cave, elle était dans la cuisine et avait déjà commencé à préparer le repas. Je lui ai demandé si elle savait où était maman.

-Et alors ?

-Elle m’a dit qu’elle ne tarderait pas à rentrer. Alors j’ai insisté, et elle m’a dit d’arrêter de poser des questions et d’aller faire mes devoirs. J’ai demandé Lydia, mais Marguerite m’a dit qu’elle ne travaillait plus pour nous. Et là je lui ai dit, je lui ai dit que je pensais que père avait tué maman.

- Et j’espère qu’elle t’a rit au nez !

-Ha ha ha ! Non, elle a commencé a parlé en allemand, bon j’ai pas compris tout ce qu’elle disait, elle avait l’air effrayé, et père est arrivé, j’ai eu droit à une autre punition et il m’a obligé à retourné dans ma chambre !

- Et dans cette histoire qu’est-ce qui est incroyable ?

-J’ai compris un extrait de ce qu’a dit Marguerite, « ne le dis pas, ne dis pas la vérité ». Et en plus pourquoi aurait-elle prit l’air effrayé, hein ?

-Parce que tu dis des monstruosités !

- Je le savais, tu ne me crois pas.

Quand nous sommes rentrées, père n’était pas là. Eliana a couru dans la cuisine en appelant Marguerite. Personne. Personne ne répondait. Elle est revenue vers moi : «  nous sommes seules ? PERSONNE, il n’y a personne …

-Allons faire nos devoirs !

-Non ! C’est le moment où jamais !

- Le moment pourquoi ?

-Pour te prouver que j’ai raison, on va fouiller les affaires de père !

-Ah non ! Tu exagères, s’il s’en rend compte on sera puni, je ne veux pas être punie !

-Il ne le saura pas, suis-moi !

Elle courut dans la chambre de nos parents, le lit était fait, tout avait l’air en ordre, comme si personne n’y avait dormi.

- Allons à la cave !

-Pourquoi faire ?

-Nous avons du temps pour inspecter les lieux !

-Oh la la !

Quelle fut ma stupeur ! Eliana me laissa passer devant, je descendis donc la première et en arrivant en bas je découvris mon père, et Marguerite.

Samedi 19 avril 2008 :

Aujourd’hui, ils sont tous devant moi. Je les ai assommés chacun à leur tour et attaché dans la cave, il n’y a que maman qui manque. Elle ne s’est pas laissé faire, elle a riposté.

« Eliana détache-nous, mais que t’arrive-t-il ?

-Il y a deux semaines, j’ai surpris une conversation de mère et père. Ils parlaient de divorce, de garde d’enfants, de Lydia Parkel et de Sonny Vraime. Lydia et père ont une aventure depuis ta naissance chère Eléonore ! Mère et Sonny Vraime depuis un mois. Je me suis dit que je ne pouvais pas les laisser faire, j’ai eu beau cherché mais je n’ai pas trouvé de solution. Je ne voulais pas que ma famille se dissout ! Alors, mardi dans la nuit je suis allée réveiller maman. Je lui ai dit que j’avais besoin de lui parler, elle a toujours été bonne avec nous, je savais qu’elle me rejoindrait dans la cuisine. Et…

-Oh mon dieu, mon enfant qu’as-tu fait à ta mère ?

-Tais-toi père, ne me coupe pas la parole, où alors tu auras droit à une punition ! Une fois dans la cuisine, j’ai essayé, vraiment, je lui ai dit que j’avais tout entendu, que je savais. Alors elle m’a demandé de lui pardonner car je n’aurais jamais dû l’apprendre ainsi. Je lui avoué que je ne pourrais supporter qu’elle et père se séparent.

Mais elle ne m’a pas écouté, ELLE NE M’A PAS ECOUTE ! Il fallait que moi je comprenne, que je sois patiente, que ça irait mieux, alors, alors… papa je voulais pas, papa qu’est-ce que j’ai fait… je suis désolée, je voulais pas, non… mais elle, ma mère, elle ne m’a pas écouté, j’ai pris un couteau et j’ai foncé sur elle. Je l’ai planté dans son cœur, son cœur s’est arrêté, il ne battait plus et elle me fixait, même dans la mort elle me fixait. Je l’ai traîné dans la cave et je l’ai découpé avec la hache, ce qui correspond chère sœur au bruit qui t’a réveillé.

Et j’ai rangé proprement son corps dans un sac, morceau par morceau. J’ai essayé de nettoyer chaque goutte de sang, mais comme vous le savez tout n’est pas parti. Le lendemain j’ai écrit une lettre en imitant la signature de mère et j’ai renvoyé Lydia. Elle ne peut pas venir avec nous, elle ne fait pas parti de la famille, elle a contribué à détruire notre famille. Heureusement sœurette, j’ai trouvé une solution. Ensuite je me suis lavée, et je suis retournée me coucher. Jeudi, je n’ai pas questionné Marguerite, je l’ai assommé, attaché et enfermé ici, mais père m’a surpris, alors j’ai dû lui aussi l’assommer et l’attacher. Ça n’a pas été facile de traîner leur corps jusqu’ici, je crois même que Marguerite a le bras cassé. Enfin, Eléonore si tu m’avais cru, si tu avais cru ce que je t’avais dit peut-être… je dois avouer que te mener ici a été facile. Tu ne t’es jamais posé les bonnes questions, parfois je me demande si tu aimais vraiment maman, tu n’as pas vraiment réagis à sa disparition soudaine.

-Tu es un monstre Eliana !

-Non, le monstre c’est toi ! Tu aurais pu empêcher tout ça, mais tu m’as laissé faire… tu as fermé les yeux pour ne pas voir le malheur, tu les aurais laissés divorcer, si tu n’étais pas ma sœur, tu ne mériterais pas de la rejoindre.

Ne pleurez pas père, on va tous la rejoindre, on sera tous réuni, je lui ai promit, on la rejoindra. Je n’ai pas encore décidé qui en second. Peut-être vous père. Et vous aurez tout le temps de me punir plus tard.

Dors mon papa dors, dors papa dors, dors mon papa dors…

Ne pleure pas Eléonore, après Marguerite c’est ton tour. Cette fois encore, tu passeras avant moi.

 

Dimanche 20 avril 2008. 

Je suis en train de ranger les morceaux du corps de Marguerite dans le sac lorsque j’entends sonner.

-Eléonore tu n’as pas intérêt à faire un seul bruit …

-Ou sinon quoi ? Tu me tueras ?

-Non je tuerai la personne qui est à la porte, et arrête un peu de pleurer, tu m’fais honte !

Je me dirige vers la porte, je remarque que mes mains sont couvertes de sang :

-Qui est-ce ?

-Sonny Vraime, est-ce que je peux voir Madame Delmont s’il vous plaît ?

Lui, il ose venir ici !

-Elle n’est pas là !

-Alors Monsieur Delmont ?

-Il est aussi absent.

-A l ‘aide au secours, aidez-nous, elle est devenue folle !

-Qu’est ce qui se passe ? Laissez moi entrer, je vous prie !

-Non allez-vous-en ! Partez tout de suite !

-Qui est ce ? Qui que vous soyez ouvrez cette porte !

-Non si vous ne partez pas j’appelle la police !

-Très bien, je m’en vais…

Enfin débarrassée de lui, je tire légèrement le rideau pour vérifier qu’il s’en va. Cette idiote d’Eléonore va le payer très cher !

Je redescends dans la cave :

-Tu pleures encore misérable !

Je la gifle, et je la gifle encore, et encore et encore, je ne peux plus m’arrêter.

Tout d’un coup, la porte du grenier se casse et s’ouvre, j’aperçois la silhouette d’un homme c’est Vraime !

-Mais qu’est ce qui se passe ici ?

-Monsieur Vraime faites attention, elle a un cout…

Je la gifle une dernière fois et elle se tait enfin.

Mais lorsque je me retourne Vraime attrape mes mains et…

 

Je suis un peu sonnée mais je vois que Monsieur Vraime a désarmé ma sœur, alors elle le frappe, elle s’acharne, elle le griffe, le mord, elle crie, elle hurle : « Je te déteste Vraime, je te hais ! ». Il l’assomme, elle tombe parterre, ne bouge plus.

Il s’approche de moi :

-Est-ce que ça va ?

Je fais un signe de tête, mais j’ai le visage en sang., Il m’aide à me relever et nous allons vers le salon à l’étage. Là, il prend le téléphone pour contacter les secours. Et je la vois, des ciseaux à la main, elle court vers moi et plante ces ciseaux dans mon ventre. Vraime n’a pas le tps de réagir, elle retire son arme de moi, hurle et se la plante dans le cœur, tout en me regardant. Mon sang s’écoule sous son regard, elle sourit, elle tombe, les yeux toujours ouverts.. Vraime me tient, m’assoit sur un fauteuil. J’entends encore sa voix : « Ca va aller, petite, ça va aller… ».

 

Lundi 22 avril 2008.

Aujourd’hui, je respire, je dois être en vie, mais après tout ça, j’ai beau respirer, il me semble que pour toujours je suis morte.

 

Priscilla



24/06/2010
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