Les Mots chantant

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Insoumis, Partie 2 L'Instant Présent, du recueil Extraits de vies

Insoumis

 

Ce que la vie donne, la société prend.

Bien souvent, dans un coup de colère on éprouve le besoin de dire que la vie « c'est de la merde ». Ce n'est pas vrai, la vie est pleine d'opportunités, d'expériences, d'émotions, de sensations : la vie est pleine de vie. Toutefois, nous vivons dans des sociétés, avec des lois, des règles, des codes implicites et insidieux et nous sommes soumis. La société a des attentes nous devons les combler pour être de parfaits citoyens : la première est de consommer, ainsi nous faisons en sorte que la société fonctionne. Consommer pour avoir le bon code vestimentaire, des amis, un téléphone, une ordinateur, utiliser internet, il faut, il faut suivre la mode. Avoir une belle maison, recevoir, être intégré à ce système et le faire vivre plus que nous nous vivons. Consommer c'est payer et travailler. Ne pas réfléchir. Ne pas penser. Il faut suivre le modèle imposé, être normal ; réussir sa vie. Réussir c'est avoir une carrière professionnelle qui impose, fonder une famille, posséder une télévision, il faut, il faut. Montrer que nous aimons ce système, cette société. Voter, élire des guignols qui en remplacent d'autres. Ne pas se plaindre, ou alors de temps en temps, pourquoi pas une grève pour montrer que la démocratie fonctionne. On a le droit de s'exprimer mais pas trop non plus. Et nous devons défendre notre société. Paraît-il qu'elle défend nos libertés. La liberté d'obéir, la liberté de consommer, la liberté de s'abrutir, la liberté d'être soumis à notre société. Mais surtout n'oublions pas que dans d'autres sociétés, la population n'a pas les droits que nous avons, nous sommes chanceux quelque part. Imaginez nous avons le droit de sortir de nos domiciles, pour ceux qui ont un toit sur la tête, et de marcher librement dans la rue, pour aller à carrefour faire des courses, pour aller faire la queue à Apple (le dernier iphone est sorti), pour aller à une terrasse de café avec d'autres, enfin pour ceux qui ont l'argent. Nous avons le droit. Tant que nous avons de l'argent, semble-t-il nous avons des droits, et avoir le droit c'est avoir la liberté. Nous avons le droit de rêver tant que nos rêves restent des rêves. Nous avons le droit de réaliser certains de ces rêves tant qu'ils sont conformes aux attentes de la société. Nous avons le droit de respirer l'air purement pollué de nos cités et à plein poumon. Nous avons le droit de nous empoisonner : médicaments, vaccins, eau, nourriture, tant que ces produits sont achetés dans nos sociétés. Nous avons le droit d'être heureux : un employé heureux sera plus productif, quelques anti-dépresseurs et le tour est joué. Ah, il faut, il faut pour le bien de tous, il faut subir et fermer sa gueule.

La société vend, la vie perd.

Que se passe-t-il quand certains d'entre nous ne sont pas dupes ? Comment vivre sans vie ?

Faut-il continuer à se taire ? Faut-il se révolter ? Ou bien faut-il accepter et saisir ce destin entre nos mains ? Il faut, il faut. Pourquoi nous sommes-nous battus ? Pourquoi toutes ces guerres si finalement nous ne sommes que la moitié de ce que nous devons être ? Sommes-nous heureux ?

Sûr, pour ceux qui ont le confort, qui en apparence représentent, présentent, servent d'exemple au modèle, la normalité : une famille, une bonne santé, un travail, un revenu sûr tous les mois, une maison, une voiture... Ils ne s'indigneront pas ou alors quelques fois en société pour montrer à quel point ils se sentent concernés, et ils n'ont pas compris qu'ils ne sont pas concernés, ils sont prisonniers. Jamais ils ne cherchent à se libérer. La société les a achetés. Et ce n'est pas grave si derrière les apparences le mari trompe sa femme, ou la femme est inconstante, ce n'est pas grave si les enfants n'apprennent jamais, ce n'est pas grave si cette famille ne maîtrise pas les valeurs fondamentales comme le respect, l'honneur, non, ce n'est pas grave tant qu'ils sont cachés par les apparences. Peu leur importe , ils possèdent une vie bien matérielle et que faut-il d'autre ?

Alors, j'écris ce texte, pour tous ceux, dans le monde qui, comme moi, ne sont pas un modèle de société, tous ceux qui comme moi ne sont pas normaux. Tous ceux qui ont compris que la connaissance est ce qu'il faut, tous ceux qui savent que le respect est ce qu'il faut, tous ceux qui ont compris que l'honneur ne se quémande pas. Tous ceux qui ne veulent pas être soumis, et qui veulent être libre. A tous ceux qui préfèrent un regard franc au dernier iphone, à toux ceux qui pensent ce qu'ils disent et disent ce qu'ils pensent. Enfin à tous ceux qui luttent secrètement pour simplement survivre.

Nous sommes la vie que la société perd.

 

Priscilla



04/04/2016
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