Les Mots chantant

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1.Myrtille, L'histoire de Carnilla

1. Myrtille

 

 

Je pourrai bien écrire des centaines et des centaines d’histoires mais il me serait bien impossible de ne pas raconter l’histoire de Carnilla.

Qui est Carnilla ?

C’est une petite fille, elle doit avoir neuf ans, elle a une longue mais très longue chevelure rousse, de petits yeux bleus en forme d’amandes, et elle est, ce qui la gêne énormément, très petite pour son âge. Si petite qu’il faut installer dix coussins sur une chaise pour qu’elle soit à la hauteur de la table de la salle à manger, si petite que parfois sa mère l’oublie car elle ne la voit pas.

Sa mère, Pampléfa Rodégon : une femme adorable, admirable, son visage reflète la bonté de son cœur. Elle porte toujours un chapeau de paille pour cacher ses cheveux. Elle dit souvent à Carnilla : « tu sais, ma chérie, les gens qui nous entourent, peuvent être méchants lorsqu’ils rencontrent des choses auxquelles ils ne sont pas habitués… mais il ne faut pas leur en vouloir. »

Le père de Carnilla, Mister H Rodégon est grand et chauve, son air sévère effraie Carnilla, mais elle sait, au fond, qu’il serait bien incapable de lui faire du mal. D’ailleurs, lorsqu’il rentre de son travail le soir, il a l’habitude de lui ramener une barre de Choco-choco, le fameux chocolat de la ville. Mister H ne lui donne jamais directement, il dépose la barre de Choco-choco sur sa table de nuit pour que Carnilla la trouve à son réveil. Et je peux vous assurer que, lorsqu’il dépose cette barre sur sa table de nuit, ses yeux scintillent de bonheur et aussi de tristesse. De bonheur car il est heureux d’avoir une aussi merveilleuse petite fille et de tristesse car il ne peut pas lui accorder tout le temps qu’il voudrait…

 

Moi qui suis-je ?

Personne ne me connaît, on ne m’a jamais vu. Je suis discrète, car je suis aussi extrêmement petite. Depuis que je suis née on m’appelle Myrtille, j’ai des dizaines de frères et de sœurs, je change souvent de maison car lorsque l’on m’y surprend on crie : « Oh ! Une souris ! ». Et l’on me chasse à coups de balai.

Cela fait déjà quelques mois que je vis chez les Rodégons. Un jour Carnilla m’a découvert alors que je rongeais un morceau de gruyère, elle n’a rien dit, et moi je n’osais plus bouger. Elle s’est approchée de moi et m’a prise dans ses mains, elle m’a emmené dans sa chambre et elle m’a tout raconté.
_ Bonjour petite souris, je m’appelle Carnilla et toi ?

_ Myrtille

_Que c’est joli ! Me dit Carnilla, puis elle me pose sur son lit qui est minuscule !

Tu vois Myrtille à cause de ma taille les autres enfants se moquent de moi, j’ai droit à plein de surnoms méchants, je me sens seule. Veux-tu être mon amie ?

_ Oui, j’accepte, en fait j’ai été séparé de ma famille il y a trois mois et je la cherche désespérément, j’ai aussi besoin d’une amie.

C’est ainsi que nous sommes devenues inséparables. Carnilla m’emmène partout avec elle, même à l’école. Je reste cachée dans son cartable et pendant la récréation elle me met discrètement dans sa poche pour que l’on puisse s’amuser ensemble.

Un jour, pendant la récréation, Kamilius Arachides, un petit garçon quatre fois plus grand que Carnilla mais deux fois plus grand que n’importe quel enfant s’approche de nous.

_Et toi ! Le nain roux à qui parles-tu ?

_A personne.

_ C’est ça ! Et en plus elle est folle ! Hé venez voir, dit-il aux autres enfants, Carninain parle seule !

_ Non c’est pas vrai ! réplique Carnilla

Mais les enfants rient fort et lui donnent des surnoms méchants. A ce moment là, je sors de la poche de Carnilla pour que tout le monde me voit et là :

_ Ah ! Une souris ! Crie un des enfants.

Ce grand et costaud Kamilius est le premier à s’enfuir en courant, mais dans l’affolement de tous les enfants il tombe parterre devant tout le monde et rougit de honte. A cet instant des ricanements se font entendre. C’est ainsi que Carnilla a gagné le respect des autres enfants de l’école, car à leurs yeux Carnilla est désormais une dresseuse de souris.

Cette histoire nous a bien fait rire.

Un matin Carnilla vient me réveiller de bonheur :

_Nous allons au marché avec Maman, rentre dans ma poche.

_Le marché ?

_Oui pourquoi ?

_Un jour l’aînée de mes sœurs nous a dit que c’était le repère de toutes les souris, mais je n’ai jamais su où se trouvait le marché. Ma famille est peut-être là-bas.

_Et bien pendant que maman fera les courses, nous pourrons chercher.

Le marché, une énorme place où beaucoup de grandes personnes se bousculent pour être la première servie, où des stands sont entassés les uns contre les autres, avec des vendeurs qui hurlent avoir les meilleurs fruits de la ville ou le poisson le plus frais, un endroit déplaisant.

_Carnilla, je veux que tu restes bien à côté de moi, il y a beaucoup de monde aujourd’hui et je ne veux pas te perdre, c’est bien compris ?

_Oui Maman.

Pampléfa s’avance et entre dans la foule, Carnilla la suit. J’ai un mauvais pressentiment, mais je ne peux pas sortir de la poche de Carnilla pour le lui dire. Les gens auraient certainement peur de moi et commenceraient à courir dans tous les sens, ce qui serait très dangereux pour Carnilla. Ils pourraient la bousculer et lui faire mal.

Carnilla essaie tant bien que mal de suivre sa mère, seulement dans la foule ce n’est pas évident. Soudain, un grand monsieur, sans faire attention donne un coup avec son panier de courses et fait tomber Carnilla. Je lui crie :

_Relève-toi vite !

Mais elle ne m’entend pas à cause du bruit de la foule et des cris des vendeurs. Finalement elle se relève mais ne voit plus sa mère. Des larmes commencent alors à couler sur son visage, Carnilla s’affole et ne sait pas quoi faire ni où aller. Elle appelle sa mère, personne ne l’entend, personne n’a remarqué Carnilla. Les gens passent si près d’elle qu’ils pourraient bien la faire tomber une nouvelle fois. Carnilla met les mains dans les poches et reste immobile, à cet instant je me faufile dans la manche de son manteau afin d’atteindre son oreille et je lui chuchote :

_ Ne reste pas là ! Cache-toi sous un stand jusqu’à ce qu’il y ait moins de monde, puis on essaiera de retrouver ta mère.

Carnilla se glisse alors sous un stand. Elle s’assoit et regarde le sol en pleurant. Je monte jusqu’à son épaule et là, quelle surprise ! Derrière Carnilla, des milliers de souris !

_Myrtille, c’est bien toi ? Dit une voix.

Je cherche désespérément dans cette foule de souris qui m’appelle, je connais cette voix, mais qui ? Où ?

Carnilla se retourne, les yeux émerveillés, les souris sont apeurées et reculent brusquement et là, oui là sous mes yeux je la vois. C’est Mika ma grande sœur. 

 

Priscilla




22/06/2010
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